Moi et France Culture



Je me suis toujours dit que je ne répondrais jamais à aucune sollicitation à propos de la maladie, de ma maladie. Je pensais que je n'avais pas à étaler ma vie d'acromégale dans les médias parce que cela n'intéresserait personne. 

En tant que malade; vous oubliez et omettez  bien souvent une partie de vous même qui fait de vous une belle personne. 
C'est vrai que nous nous cherchons parfois derrière le flot d'informations et de symptômes dont se compose notre maladie.

Puis d'un coup, en lisant la présentation de l’émission , je me suis rendu compte que l'on allait parler de moi énormément plus que la maladie. Ici, l'objectif n'est pas de considérer la maladie comme un point de départ mais plutôt comme un lien à une histoire, ma propre histoire.

Alors d'un coup, j'ai sauté le pas... 

J'ai donc contacté la journaliste. Nous avons parlé longuement. Elle avait une voix douce et ne cherchait pas le sensationnalisme. Vous savez celui de ses chaines d'informations qui cherchent toujours le pire. 
Cette journaliste m'écoutait et peu à peu je baissais la garde tant ses questions et ses remarques étaient toujours dites à bon escient et sans douleur. Surpris par cette voix aussi douce qu'intéressé, j'ai parlé de moi. Elle m'a posé ensuite de bonnes questions encore et encore qu'à la fin, j'étais heureux d'avoir pris l'initiative de participer à cette émission.

On se donna rendez-vous pour l'enregistrement de l'émission. 

Je me suis empressé d'écouter ses interviews et ses émissions. Je comprenais bien vite que j'avais à faire à une journaliste qui avait gagné des prix mais que cela n'interférait jamais dans le résultat final puisque, c'est l'interviewé qui prend toute la place dans le reportage. 

Lors de l'enregistrement, j'ai appris ce que c'était le journalisme de grande qualité. Elle avait pris des notes, s'étaient renseignés sur mes écrits jusqu'à 6 ans avant l'interview. De plus, sa haute qualité n'avait d'égal que sa simplicité (je dois y inclure la réalisatrice qui elle aussi sans bruit a su reproduire fidèlement notre entretien). 

Lorsque la journaliste a repris son train, je crois que j'étais tellement content de cette première expérience que je crois avoir papillonné dans les airs pendant de longues minutes. Cela n'était pourtant rien par rapport aux 3h30 d'interview qu'elle avait préparé avec soin...

Trois mois plus tard (il y a 4 jours), j'ai découvert avec anxiété le reportage-documentaire consacré à la beauté (mon émission). Fébrile, j'écoutais les témoignages touchants de toutes les personnes atteintes de maladie ou de handicap. Il y avait pourtant une telle force, une telle envie de dire au monde son existence que j'en ai versé quelques larmes. J'étais fier de me trouver parmi toutes ses belles personnes !

Mon interview fut le condensé de ce que j'avais pu dire lors de l'entretien. La musique et mes poèmes en plus. J'étais souriant mais en larmes parce que j'avais la chance d'être moi aussi une belle personne. Et cela n'a pas de prix !

Je tiens à vous remercier, Madame la journaliste et la réalisatrice, pour le fantastique travail que vous avez réalisé. Vous m'avez donné pour quelques minutes le droit d'être une belle personne. MERCIs ! (Le pluriel est pour tous ces moments lors de l'interview où je suis sorti victorieux de moi-même ,de tous ces symptômes et de tous leurs effets indésirables).

Vous pouvez me laisser un petit message surtout si vous souhaitez de l'information en plus ou donner votre avis... Merci et Bonne Journée !
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